ESSAI A LA TRADUCTION DES OUVRAGES DE CHEIKH AL ISLAM ELHADJI IBRAHIMA NIASS (r.a.)
DEDICACE
Je dédie cette traduction à mon maître et bienfaiteur, le professeur Ibrahim Mahmoud DIOP, l’universel homme de savoir . Soutien généreux et vivificateur incontesté de l’image, ainsi que de la mission de Baye NIASS(raa), dont il a été le compagnon, dans les moments les plus chauds de la destinée de ce pôle incomparable.
Aux premières lueurs de l’an Deux mille, sur recommandation de Cheikh Ahmad Tîdjâni Ibrahim NIASS, le fils du Dragon aux qualités infinies , à qui j’avais montré le début de mes travaux sur Baye, je remis, entre autres, le manuscrit de cette traduction à notre bien aimé et vaillant professeur, qui, bien des mois après, me dis, lors d’une visite que je lui fis, ces mots : « Je pense que les traductions ont le Feu Vert. » Fin de citation.
Je contactai alors un haut responsable qui me promit d’éditer ce livre. Je revins en parler à mon maître choisi, le professeur Barham DIOP en l’occurrence, qui eut dans son salon une conversation avec l’homme dont il est question, afin de dissiper les doutes que ce dernier avait pu avoir quant à ma personnalité, de même qu’au bien fondé de mes dires.
Le professeur me conseilla donc d’aller lui porter le manuscrit, ce que je fis. Malheureusement, depuis ce jour, le livre n’a pas été édité et, pourtant, il dormait tout au fond des tiroirs d’une imprimerie, pour la simple et bien fondée raison que les frais nécessaires à l’impression n’avaient pas été contractés. Je déplore et regrette que cette édition de la traduction du premier voyage de Cheikh Ibrahim ait été de conception purement artisanale par manque de moyens.
Mais, bien sûr, comme tout début est difficile et que je ne veux plus en aucun cas importuner le professeur Barham DIOP qui avait, en l’an Deux mille deux financé l’édition de mon premier ouvrage « Le Soleil du couchant », un recueil de poésie à l’honneur de Cheikh Ibrahima NIASS (r.a.), je ne peux m’empêcher d’œuvrer avec les moyens du bord.
Comme l’ont dit deux hommes dont le premier est sans conteste le joyau du monde et l’autre un des plus beaux esprits de France, je cite : « L’action vaut par l’intention. » Et puis… « Un tiens, vaut mieux que deux tu l’auras. » Car, « L’un est sûr, l’autre ne l’est pas. » Fun de citation.
Je remercie Oustaze Jim Guéye qui par son érudition et sa parfaite connaissance des ouvrages de Baye Niass a pu m’être d’un concours inestimable, par le sérieux du travail fourni.
Pour terminer, je m’excuse de toute imperfection que pourrait contenir ce livre et je demande qu’elle me soit pardonnée en regard de ce que seul le désir de contribuer à ce qui me semble un acte noble, motive ce travail.
PREMIER VOYAGE A LA MECQUE
AU NOM DE DIEU LE CLEMENT, LE MISERICORDIEUX.
Qu’Allah accorde l’ensemble de ses bénédictions à notre prophète Mouhammad qui ouvrit ; compléta et guida, ainsi qu’à sa famille salutations dignes de son mérite et de sa haute valeur.
Cela dit, ceci est un abrégé de propos restreints mais de très grande importance, concernant le voyage d’un humble serviteur d’Allah dont l’unique désir est d’accéder à la proximité divine ; d’un fils du cheikh Elhadji Abdallah NIASS, Ibrahima, un serviteur constamment ébloui par les beautés d’Allah.
Ce voyage se fit en l’an mille trois cent cinquante cinq de l’hégire, soit en mille neuf cent trente Sept. Je n’y ai toutefois de mon cru rien ajouté et n’ai rapporté la relation des faits que comme ils se passèrent réellement pendant ce voyage, sans rien approfondir de celui-ci.
Il m’eut, si je l’eusse voulu, été possible et facile d‘expliquer ici la relation de chacune de mes actions dans ce voyage, par rapport à l’enseignement traditionnel du prophète Mouhammad (SAW).
Il va s’en dire que dans toutes mes actions, mon seul guide demeure être une fidélité constante aux lois d’Allah. Ce fut donc un quinze du mois de ramadan de l’année suscitée que me vint la solide décision d’aller visiter les lieux très saints de l’islam, d’y accomplir les rites du pèlerinage et d’y joindre mon cœur à celui de l’être humain le plus grand et le plus honorable qui fut jamais, le prophète Mouhammad (SAW).
Lorsque me vint cette solide décision, la première chose que je fis, fus de m’entretenir avec ma mère, mes parents et avec mes amis.
Je rédigeai ensuite mon testament pour lequel je cherchai des témoins payai toutes mes dettes, laissant aussi à ma famille une subsistance largement suffisante pour le temps que durerai mon voyage et pris avec moi tout l’argent nécessaire à ce voyage, après avoir effectué toutes les aumônes qu’il m’était dû de faire. J’allai ensuite trouver les autorités et m'acquittai de toutes les transactions qui me furent par eux-mêmes imposées. Je fis alors une prière surérogatoire de deux rakkâs, un Jeudi neuvième jour de la korité, dont à la première rakkâ je récitai la prière de l’ouverture (Al-fatiha) ainsi que la sourate des infidèles (Al-kâfiroune) et, à la deuxième, la sourate de l’ouverture et celle du monothéisme pur (Al-ikhlâs), bien qu’une autre version de la tradition préconisât aussi la récitation, dans cette prière, de la sourate de l’aurore (Al-falaqi) ainsi que de celle des hommes (An-nâssi). Je prononçai le salut final et je récitai le verset du trône (Al-koursiyyi) plus la sourate des qoreych (Al-qoreychine).
Puis je fis la prière suivante : « Mon seigneur, en toi je recherche le soutien et un appui véritable. Oh mon Dieu ! Facilement, exauce tous mes vœux facilite ma marche et accorde moi dans tout le bien que je souhaite obtenir, une grande abondance. En bien pour moi, seigneur, transforme tout mal. Ma poitrine, oh seigneur élargis et toutes mes affaires accomplis. Je te supplie de tout mal me garder et me confie à toi. Je te confie ma foi mes proches mes amis et tout ce de toi me provient, dans ce monde -ci et dans l’autre. Garde nous tous oh seigneur, de tout mal. »
Et après que j’eus récité la Fatiha et la prière de l’ouverture (Salatoul fatihi), je me levai alors et je dis :
« Oh seigneur, vers toi je me tourne et à toi je m’accroche.
Eloigne de moi tous les obstacles à ma dévotion et donne- moi ,oh !mon Dieu la crainte de toi-même.
Pardonne mes péchés et rends- moi juste, toujours et donne- moi la paix de l’esprit. »
C’est après avoir terminé que je pris congé de tous mes gens, proches et voisins, après leur avoir enjoint de prier pour moi, et je priai pour eux en disant :
« Je vous confie à Dieu qui ne porte préjudice, jamais, à ce qu’on lui confie ! »
Après que mon valeureux et très saint frère rayonnant, Cheikh El hadji Abî Bakr fils de Cheikh El hadji Abdallah ainsi qu’un autre d’entre mes frères, lune de clarté et saint érudit de grande valeur, El hadji Mouhammad Zeynabou m’eurent fait leurs recommandations, je montai alors sur mon cheval et je dis :
« Gloire à Dieu qui nous a assujetti ces bêtes, ce que sans lui nous n’eussions jamais pu faire. Nous sommes enclins à nous tourner vers Dieu. »
Après cela je dis : « Louanges à Dieu ! » Trois fois
et puis : « Dieu est grand ! » Trois fois.
Je récitai alors : « Je suis, seigneur, injuste envers moi-même. Efface mes péchés car nul autre que toi ne le peux faire. Accorde- moi la crainte de toi par ta bonté et de faire des œuvres agréées. Oh seigneur, rend ce voyage pour moi aisé et raccourcis- en le chemin. Oh mon Dieu, tu es notre compagnon dans ce voyage et celui que nous avons auprès de nos familles laissées et qui nous y attend ! Je me réfugie auprès de toi contre toutes les difficultés éventuelles de ce voyage, contre le mauvais œil et les revers, pour moi, ma famille et pour mes biens. »
Et toujours conscient de la diversité des hadiths concernant ce type de prière, je continuai :
« Oh mon Dieu, tu es le compagnon suprême dans ce voyage et le seul qui reste à la maison. Je m’en remets à toi pour ce qui est des difficultés éventuelles du voyage et des revers de fortune, des peines successives ; des prières de l'opprimé et du mauvais œil sur ma famille et sur mes biens. »
Arrivé à la gare, ou je devais m’embarquer sur un train du nom de Bâboor via Dakar, j’y trouvai une foule de disciples d’amis et de sympathisants, tous présents pour assister à mon départ. Il y avait là une multitude de gens dont le nombre, de Dieu seul était connu qui les y rassembla. Je pris alors congé d’eux tous et je dis :
« Il n’y a de roi suprême qu’Allah ! »
A quoi ils répondirent :
« Mouhammad est le plus grand des prophètes d’Allah ! » Trois fois
pour chacun d’entre nous, et je montai dans le train .où je récitai cette formule :
« Je vais et arrive sur le nom d’Allah. Mon seigneur est en vérité absoluteur et miséricordieux. »
« Nous ne pouvons louer Allah à sa véritable valeur, à sa réelle grandeur. »
J’étais, dans ce voyage sacré, accompagné par le plus méritant parmi mes véridiques disciples, à l’affection profonde et sincère, un très grand connaissant d’Allah, réel possesseur des grands secrets de la voie de Cheikh Ahmed Tîjanî, El hadji Mâ Abdou fils de seydi Cheikh Ahmed Bakar (R.A), et par un autre saint homme de chez mon père et grand connaissant, El hadji Lamine Sankharé fils d’Abû Bakri (RA).
Le train s’ébranla en direction de Dakar où nous arrivâmes l’après midi à l’heure de la prière d’Al Asr et trouvâmes El hadji Omar Kane accompagné de tous les disciples Dakarois venus à la gare nous accueillir.
Nous descendîmes donc du train et allâmes tous ensemble visiter sa mosquée. Nous y fumes longtemps après l’accueil chaleureux que l’on nous y fit, honorés dans le plus profond respect et l’on s’y employa à nous y apporter le plus de confort possible et de sécurité, à Dakar même et pour le reste de notre voyage. Nous établîmes ensuite le contact avec les dirigeants du gouvernement qui s’employèrent à s’occuper de nos papiers de la plus diligente façon et beaucoup plus que de coutume en pareil cas. Nous les remercions en cette occasion de leur grande disponibilité.
Ce fut un Mercredi quinze du mois de korité soit le Trente décembre mille neuf cent trente cinq que sur un bateau nous embarquâmes du nom de Canada. Une fois dans ce bateau nous récitâmes :
« Wa qâla irkabô fîhâ Bissmillâhi Madjrâhâ wa moursâhâ inna rabbî la khafôroune Rrahîmoune » littéralement : « Je vais et reviens sur le nom d’Allah mon seigneur en vérité est absoluteur et très miséricordieux. »
Et puis : « Wa mâ qadrallâhou haqqa qadrihî » (c'est-à-dire : Le mérite que l’on doit accorder à DIEU ne l’est pas.) Là je dis adieu à mon frère et successeur réel de mon vénérable père, notre guide El hadji Abû Bakar et à la beauté rayonnante qui embellit toute notre famille, notre joie suprême à tous, fiel de nos ennemis et grand gnostique maître, El hadji Mouhammad Zeynabou et aussi à nos parents, à nos amis, ainsi qu’à quelques disciples qui tous pleuraient à la pensée qu’ils allaient bientôt, pour quelque temps se séparer de nous. Beaucoup plus qu’une nuée, au point de me faire moi-même verser des larmes, à tel point, dis-je, que mon éloquence jusque là muette me força à chanter disant : « Moi-même, j’allai pleurer si vous ne l’aviez fait. »
Après la prière de l »après-midi, (Al-Zouhr), le bateau quitta la rade du port de Dakar et vogua sur l’océan vers Darou Baïdâ au Maroc. Une prière à ce moment là me fut insinuée. Je récitai :
« Louanges à toi ô seigneur sublime ! Sans mes compagnons, je vais, qui s’en sont de leur côté allés et vers toi je me dirige. A toi toute félicité, toute richesse ! Exauce- moi ô seigneur, toi, l’entendant et l’omniscient. »
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