Feuilles spirituelles: le repentir
Le repentir est un nouveau décollage dans la vie de l’être humain. C’est un retour vers le Miséricordieux et une issue de secours que Dieu offre à la faiblesse humaine en face de la tentation. De ce fait, la repentance est un acte permanent, car les humains sont des « pécheurs » de nature. Et les meilleurs sont ceux qui révisent leurs comportements en permanence en quête de perfection.
« Tout fils d’Adam est fautif, et les meilleurs parmi les fautifs sont ceux qui se repentent » [1] , ainsi nous enseigne notre Prophète, (Paix et bénédictions de Dieu sur lui).
Le fait de reconnaître cette faiblesse chez l’homme ne doit pas ouvrir une porte pour se précipiter davantage vers les confins de dérapage moral, mais il doit plutôt constituer une issue de secours pour les âmes égarées.
Rappelons, à juste titre également, qu’on ne peut entamer un cheminement spirituel sans être obligé de briser les chaînes des mauvaises habitudes et des comportements indécents. Et c’est cela le rôle du repentir.
Les savants citent trois conditions pour que la repentance soit acceptée :
1)-s’arrêter de commettre le péché,
2)-regretter ses actes,
3)-décider de ne plus jamais répéter les erreurs du passé. Ils ajoutent une quatrième condition lorsque le péché impliquait le droit d’une tiers personne : s’acquitter des droits de cette personne.
Ce n’est pas de la contrition « atomique », relié à un péché, dont nous parlons.
Ici nous parlons du pas qu’un mortel doit franchir pour embrasser définitivement la vraie foi et entamer le voyage vers son Seigneur. Dans ce sens, un grand guide spirituel historique, Abdelkader Al-Jilânî, disait : « le repentir est un bouleversement d’état » [2] . Ici nous parlons de ce réveil de l’âme lorsqu’elle rejette le goût matériel de la vie et veut assouvir sa soif d’Amour et de piété.
Le Seigneur nous appelle vers Lui dans le Saint Coran, en disant : « Vous qui avez cru! Repentez-vous à Dieu d'un repentir sincère. » [3] . Le mot « repentir sincère » voulait être une traduction du mot arabe « tawbah nassouh ». « Tawbah » :signifie repentance, par contre le mot « nassouh » a plusieurs sens en arabe. Ses différentes significations nous donnent une approche de la notion de repentir que Dieu nous appelle à entamer. L’adjectif « nassouh » :signifie tout à la fois sincère, pure [4] , définitive, sans équivoque.
Le grand interprète du Coran, Al-Qurtubi, nous en propose par ailleurs une explication très précise : « En arabe, le terme nassouh est emprunté à nassaha i.e. couture, et ce, pour deux raisons. Premièrement, ce genre de repentir raffermit l’obéissance de soi à son Seigneur comme le couturier coud le tissu (avec sa couture). Deuxièmement, ce repentir réunit la personne avec les saints hommes et il le fait coller à eux comme fait le couturier en attachant les morceaux du tissu les uns aux autres» [5] .
Pour Al-Qurtubi, le repentir sincère est donc une réunion permanente avec les amis de Dieu. *
Ainsi, le chemin du repentir passe par la rencontre d’un homme pieux et d’une bonne compagnie qui feront naître dans le cœur de la personne l’amour de la proximité de Dieu et le rejet des péchés et des mauvaises œuvres.
Un grand savant et guide spirituel contemporain nous rappelle: « Un repentir du polythéisme et de l’hypocrisie en emboîtant le pas à un bien-aimé sage repentant à Dieu, aimant Dieu n’est aucunement tel une repentance d’un péché par crainte du châtiment du Jour Dernier. Aimer un serviteur en Dieu, le suivre en prenant son cœur illuminé comme une passerelle pour ton cœur est une action qui t’épargnerait de sombrer dans le cercle vicieux. Ainsi tu éviteras de briser sans cesse les promesses que tu aurais faites à Dieu.» [6]
«Mon Dieu!
Si, par malheur, je m’égare, je sais que Ta Bonté est grande, Ta miséricorde est tellement vaste qu’elle englobe toute chose. Il suffit que je fasse le premier pas, que je rassemble mes forces et que ma volonté se réveille pour entamer le chemin du retour.
Aide-moi, mon Dieu à ne plus jamais déchirer le tissu qui me lie à tes Alliés!
Aide-moi, mon Dieu! Amîne! »
[1] Hadith rapporté par l’Imam Ahmad, Bno majah et Thirmidhi, selon Anass.
[2] Abdelkader Al-Jilani, Al-Fateh Arrabâni
[3] Saint Coran, Chapitre 66, Verset 8.
[4] Tahdhib alloghah, Al-Azhari, P: 515.
[5] Al-Qurtubi, Exégèse du Coran, interprétation du chapitre 66, verset 8.
[6] Abdessalam Yassine, « Al-Ihsane », chapitre : Repentir et éveil. P: 121.