« Au sein de l’Océan où tu nais submergée,
Ame humaine, perle fine, en ta coquille cachée,
N’es- tu pas un joyau de toi-même ignoré ?…
Mais voici que vers toi un fier navire s’avance :
De toute sa cargaison il te faut t’emparer,
Pour sertir de ses biens ta couronne de science,
Où triomphera pour toi : «Lumière et Vérité »
Protectrice de ta lutte et de tes efforts,
La vague amie te mène au centre d’un trésor
Où le « Mudjahédé » (1) doit te livrer son or.
Là deux sultans rivaux se tiennent face à face,
Ton cœur est le champ-clos de leurs luttes tenaces
Là, sera couronné le Sultan « Passion »
A moins que par sa force le Sultan « Raison »
Ne triomphe de lui, châtiant son audace.
Sultan « Passion » et sa garde royale,
Entraînant au combat le « Nafs » (2), l’âme bestiale,
Se voit vite opposer les plus vaillants soldats
D’Es-Rouh (3), l’allié de « Raison » et de son sultanat.
Puis, apparaît l’arbitre, il clame : « O Cavaliers !
N’êtes-vous pas du Seigneur les fiers Chevaliers ?…
O troupes de Hak (4) : Foncez ! Donnez la charge !
Et vous guerriers de « Passion » : redoublez de rage !
(Chacun ne veut-il pas gagner à son parti
La victoire ailée, fût-elle son ennemie ?)
Mais intervient la Grâce. Elle dit : « vaincra celui
Que j’aurai secouru, même s’il a faibli »
O Grâce ! Celui qui par toi peut être accompagné,
Quels que soient les détours de sa route escarpée,
A Mak-Ad’sidk (5), Temple du Glorifié,
Recueillera là le prix de sa fidélité.
(Abd al-Qâdir al-Jilânî)
(1)combat de la conscience ; exercices spirituels ; luttes du bien et du mal
(2) Nafs = l’ego, l’âme bestiale que chacun porte en soi
(3)El-Rouh : l’esprit. Parcelle de l’âme Divine que chacun porte en soi.
(4) Hak : Dieu –le Vrai-
(5) Mak-ad’sidk : le degré le plus élevé dans la proximité de Dieu.
Calligraphie : "Nafs".