La différence entre les humains, c’est leur degré de luminosité :
"Ils différeront en Dieu par le degré" (Coran III, 163)
"Dieu est Maître des degrés" (Coran)
et donc d’entendement et de vision.
Par Dieu qui « projette l’Esprit sur qui Il veut parmi Ses Serviteurs », les Prophètes, hommes véritables voient et entendent ; en dessous d’eux sont bien des degrés…jusqu’aux sourds et aveugles, auxquels Dieu n’a pas donné de Lumière :
« Celui en qui Dieu ne met pas Sa Lumière n’a plus de lumière » (Coran, XXIV, 40)
L’histoire d’Adam et d’Iblis est tout à fait édifiante à cet égard :
Dieu a demandé à Iblis (Coran XV, 29-30) de se prosterner devant l’Homme, cet Adam auquel Il avait enseigné tous les Noms (Coran, II, 31).
Iblis ne voyant dans cet Homme que limon, une matière inférieure, jugea-t-il, à sa propre composante de feu, a refuser d’obéir : Il n’a vu d’Adam que sa forme individuel. Son orgueil entraînant la première division, l’a voilé à l’Unité divine, à cette lumière qui fait la grandeur de l’Homme. Les anges de lumière, eux, se sont prosternés. Leur propre image s’est reflété dans le miroir divin.
C’est ainsi que dans notre humanité, le premier Prophète et maître de la voie est l'Adam primordial en qui Dieu insuffla de son Esprit ; il est l’archétype humain, vicaire (khalifah) de Dieu sur terre, le miroir en lequel s’épiphanise la Réalité divine. Chaque Prophète renouvelle cette image et réaffirme cette réalité, selon l’aspect que Dieu a choisi pour nous. On peut être un homme, en tout point homme, et être dans la plus grande proximité divine, c’est-à-dire lumineux par le plus grand effacement et c’est ce dépouillement où Dieu agit qui fait de lui un « modèle excellent » et donc un maître, la flamme à laquelle on vient allumer sa mèche. Comme il est dit dans le Coran à propos du Prophète Muhammad : « Ce n’est pas toi qui as visé quand tu as visé, C’est Dieu qui a visé » (Cor. VIII, 17)
Reconnaître un Envoyé, c’est se prosterner devant la Grandeur divine. Iblis, comme tout dénégateur, a été aveuglé par la logique de son raisonnement, par son rationalisme ; il personnifie l’esprit de division, la dualité de l’ignorance, de l’illusion d’être une réalité en soi. L’orgueil qui entraîne égocentrisme et vanité s’oppose à la soumission. Ceux chez qui les voiles de l’orgueil se déchirent par la lumière, voient la lumière et se prosternent. Les autres sont vaincus.
« Iblis a dit : La manifestation de Dieu était dans l’Empyrée. Ici je ne vois que du Limon. Comment pourrais-je me prosterner devant la terre ? Les anges, eux, ne louchaient pas. Ils ont su que c’était la manifestation de Dieu, ils se sont prosternés. Iblis au commencement était du nombre des anges. Par ce geste, il n’était plus de leur espèce. Il s’est séparé d’eux. La monnaie de bon aloi était mélangée à la fausse monnaie ; c’est à cause de l’obscurité qu’on confond la bonne et la fausse monnaie et qu’on les considère de même valeur. Pour l’être d’Adam (que la Paix soit sur lui !) qui était la pierre de touche, la fausse monnaie a été séparée de la monnaie de bon aloi et en a été distinguée. Il en va de même à l’époque de chaque Prophète. Celui qui l’accepte est monnaie de bon aloi, et celui qui le récuse est fausse monnaie »
(Sultân Valad dans « Maître et disciple »)
C’est ainsi que lors de l’avènement d’un Prophète, la communauté en place se divise : le messager est la pierre de touche, la lumière qui sépare le bon grain de l’ivraie. Le bon grain le suit et ils ne forment qu’Un. L’ivraie s’enfonce dans les ténèbres, la confusion. « L’écume est séparée de la mer, les eaux pures se rassemblent et retournent à leur Origine.» (op.cit.)
Quelque soit l’apparence des faits, tous les Messagers sont une seule lumière. En voir un, c’est les voir tous ; en repousser un, c’est loucher!
Les Envoyés sont des parfaits serviteurs en tant qu’ils n’ont aucune volonté propre (Cor. LIII, 3-4) et parfait seigneurs en tant qu’ils manifestent Dieu (Cor., IV, 80).
Luminaires éclatants, images parfaites de nous-mêmes, ils ne peuvent être lumière par eux-même. Dieu est La Source, l’Unique Source. « Je ne fais rien de moi-même » a dit aussi Jésus. (Que Dieu le salue)