Né à Taïba-Niassène dans l'actuelle région du Sine-Saloum en octobre 1900 et décédé à Londre le 26 juillet 1975, Ibrahim Niasse(raa)
est le fils d' Abdoulaye Niasse
(raa)(1844-1922). Communément appelé Baye Niass, il est né au Sénégal et y a vécu pendant toute son enfance.
La position stratégique de Kaolack et les relations tissées et entretenues par son père avec les lettrés du Sénégal , de la Mauritanie et l'Afrique du nord ont fait de sa maison paternelle un endroit privilégié,idéal où le jeune Ibrahim étudie non seulement les science religieuses,l'exégèse du Qur'ane, la jurisprudence,la théologie,la grammaire arabe,la rhétorique, le métrique, la biographie du Prophète (saw), etc... mais également ,il cultiva et développa intensivement un goût prononcé pour le mysticisme musulman.
Donc, à cette époque, la concession familiale était un lieu de rendez-vous,de rencontres où se brassaient en permanence la connaissance des sciences islamiques, la culture sous ses différentes formes et le contact avec des doctes venus d'horizons divers pour parfaire leur savoir et leur sagesse. A la mort de son père,Cheikh El Hajj Abdullah Niass(raa) en 1922, son frère aîné Mouhammad Niass (Khalifa)(raa) prit en charge la communauté des "Niassènes".En cette période, le jeune Ibrahima enseignait dans les écoles coraniques de son père de Taïba-Niassène, Kossi et Kaolack.
Son érudition et sa piété lui attirèrent très vite de nombreux adeptes.
Son premier ouvrage:« rûh al adab »fut écrit à l'âge de 21 ans , ainsi que son fameux «kâshif al ilbas » ,en 1930 (Traité fondamental du Soufisme et de la Voie Tijaniyya), témoignent de ses connaissances ésotériques acquises très tôt !
Dès 1930, il se proclama héritier spirituel de Cheikh Ahmadat' Tijânî Hassani Chérif(raa) et obtint l'allégeance massive des disciples de son père ainsi que celle de nombreux cheikhs Maures qu'il initia à la tarbiyya (initiation mystique) dont le but est de parvenir à la ma'arifa (gnose) qui est la marque la spécifique de sa branche Tijaniyya. Toutefois son audience resta limitée jusqu'en 1937, année où il effectua son premier pélérinage à la Mecque
Cursus
Baye Niass(raa), pour la première fois, quitta le Sénégal en 1937 ,en vue d'effectuer le Hadj(le pèlerinage à la Mecque :1936-1937). Et il n'a connu comme maître unique (il aimait à le rappeler,d'ailleurs avec insistance) qu'El Hadji Abdoulaye Niass(raa), son père. Il passa vingt et un ans (21) avec lui dans une atmosphère de ferveur religieuse,d'amour,de partage, de passion pour le savoir et la sagesse et de vie de travaux champêtres pour une subsistance honnête qui caractérise les milieux des doctes musulmans.
Cheikh Ibrahima Niass(radiyallâhu ta'ala ane-hu) reçut donc le wird de son père El Hadji Abdoulaye Niass(raa), qui l'avait reçu d'un successeur d'El hadji Oumar al Foutiyou TALL , nommé Mamadou Diallo(raa) : Cheikh Abdullah Niass(raa) avait informé celui-ci du désir de plusieurs de ses fidèles à entrer dans la voie Tijaniyya.C'est ainsi qu'il reçut le pouvoir de nommer un nombre déterminé de muqaddam (lieutenants). Il était(Abdullah Niass(raa)) un muqaddam muqyyad qui ne pouvait nommer un nombre illimité de lieutenants.
Au retour de son pèlerinage à la Mecque, il se rendit à Fez au Maroc et y rencontra Sidi Mouhammad Abdallawi(raa) qui lui ouvrit les grandes portes de la Tariqatou Tijaniyya : il eut des liens directs avec la zawiya de Fez, fit renouveler l'autorisation de former lui-même ses muqaddams et fût reconnu comme khalifa (représentant).
El Hadji Abdoulaye Niass(raa) est le premier sénégalais titulaire de la "ijâza mutlaqi" ou le summum des licences dans la Tariqatou Tijaniyya.
C'est justement ,à son retour de son voyage de Fez qu'El Hadji Abdoulaye Niass(raa) remit à Cheikh El Hadji Malick Sy(raa) sa nomination (toujours la idjâza mutlaqa) qu'il lui ramena de Fez.
En effet, Cheikh El Hadj Malick Sy(raa), empêché, avait remis une lettre de demande de « ijâza mutlaqa » ,à Cheikh Abdoulaye Niass(raa) à l'intention des maîtres de la zawiya de Fès, dans laquelle il sollicitait cette consécration.Sur le chemin du retour de fès(Maroc), Cheikh El Hajj Abdullah Niass(raa)s'arrêta à Tivaouane,remis la dite «ijâza mutlaqa »à Cheikh El Hajj Malick Sy qui l'accueilla en hôte pendant plusieurs mois .Au nom de cette bonne et vieille amitié et en tant que des frères spirituels,Malick Sy(raa)plaida sa cause auprès de l'autorité coloniale.Ainsi, El Hajji Abdoulaye Niass(raa) vint s'installer à Kaolack en 1910 et fonda le quartier Léona.
A la mort de ces deux géants en juillet 1922, leurs fils ont poursuivi leurs solides relations de fraternité dans la voie de Cheikh Ahmad Tijânî (raa).
Il vécut avec une rare complétude de l'acceptation de l'égalité primordiale des hommes. C'est sans doute ce trait de caractère qui explique la sincérité et la diversité des relations qu'il a entretenues pendant toute sa vie avec tout le monde
Le civil :
Quand on s'interroge sur la vie de Chaykh Ibrahima Niass (raa) et que l'on s'arrête sur le temps qu'il a passé avec ses concitoyens, on peut se rendre compte du dynamisme qui a marqué ses relations avec son peuple. Il a pleinement vécu et assumé son appartenance au peuple sénégalais au point que, lors d'une entrevue avec le Président Léopold Sédar Senghor, ce dernier résuma par une formule heureuse l'appréciation qu'il avait de l'action de Baye Niass(raa) : «en vérité, vous êtes l'ambassadeur du Sénégal auprès du monde! »
En tant que citoyen sénégalais, la haute idée qu'il se faisait de son appartenance à la nation lui a fait dire que le moyen le plus sûr pour un homme de servir son pays et de garantir son civisme, est de faire en sorte que nul n'ait des préjugés sur lui ni une mauvaise appréhension sur sa conduite afin que l'image de son pays n'en soit pas injustement entachée.
Il ne se limitait pas aux seules pratiques cultuelles et à leurs enseignements. Il s'était également impliqué dans les affaires touchant de près les populations. Son grand intérêt pour l'amélioration des conditions de vie des sénégalais, explique sans doute ses relations avec les milieux d'affaires. Il a été le président du syndicat des coopératives du Sénégal dans les années 50. En outre, il était bien souvent sollicité par des associations de parents d'élèves, de commerçants pour mener à bien des tâches ardues...
Et l'on se rappelle encore la solennité des réceptions qu'il réservait annuellement aux pèlerins qui revenaient de la Mecque et durant lesquelles il ne manquait jamais de rappeler aux musulmans l'importance du Hajj et par la même occasion inviter ceux qui avaient les moyens de s'en acquitter.
On compte par centaines sinon par milliers, le nombre de bourses d'études que Baye Niass(raa) a dispensées à des jeunes, sénégalais, gambiens, ghanéens, nigérians, qui lui doivent d'accéder aux collèges et facultés du monde arabe, indépendamment de son action en faveur de très nombreuses personnes des deux sexes (toutes confréries confondues) qu'il a aidées à se rendre aux lieux saints de l'islam.
Le savant :
Le Cheikh al islam est considéré comme un savant ayant écrit plusieurs documents islamiques, s'étant formé en Mauritanie avant de se rendre en pèlerinage à la Mecque, Cheikh Ibrahima Niass(raa), comme la plupart des chefs religieux ,sollicita sa reconnaissance par les autorités de la tarikhatou Tijaniyya. Il fut comblé puisque non seulement il fut considéré comme le « «Khalife de la confrérie » mais mieux, il fut nommé 'ghawth al zaman'(secours de l'époque). Lors de ce pèlerinage, il obtint une importante adhésion en la personne d'Abdallah Bayero, l'émir de Kano, la plus importante ville du nord du Nigeria. Séduit par la somme des connaissances et de la sagesse du Niassène, ce dernier l'invita au Nigeria et il séjourna principalement à Kano et à Sokoto.
Abdallah Bayero renouvela son affiliation à la TariqatouTijaniyya auprès de Baye Niass(raa) . Il y obtient l'adhésion de la majorité des oulémas de la Tijaniyya qui, dès la fin de deuxième guerre mondiale(1945), se font les moteurs de l'expansion de son mouvement dans toute l'Afrique de l'Ouest. A la mort de l'Emir Abdallah Bayero en 1953, son fils Mouhamed Sanuss lui succèda et renforça ses liens avec Ibrahima Niass(raa).
A la fin des années 1960, grâce à ses appuis politiques, le zèle de ses disciples nord-nigérians, son action éducative, il se trouve à la tête d'une communauté transnationale de plusieurs millions de membres répartis entre le Nord Nigéria, lieu par excellence de son rayonnement, le Ghana, le Niger, le Togo,le Bénin, la Haute volta,la Guinée (conakry) ,le Libéria, la Sierra Leone, le Tchad, le Caméroun, la Gambie, la Mauritanie et la région du Sine saloum
L'exceptionnelle ouverture d'esprit de Cheikh Ibrahima Niass (aar.) lui permit d'entretenir de solides relations avec les milieux maraboutiques sénégalais. Il avait beaucoup a cœur le triomphe d'un Islam fédérateur et harmonieusement vécu par tous les musulmans, convaincu qu'il ne saurait y avoir de différences entre eux du fait de l'existence des confréries :
«Je ne me rappelle mon appartenance à la Tarikhatou Tijaniyya que dans les moments où je fais mon Wird ! », a-t-il confié,un jour au professeur Ibrahim Barhama DIOP .
Premier Chef religieux ouest africain à établir des contacts avec les organisations islamiques internationales,
Ibrahim Niass(raa) a été:
- membre fondateur
-et vice-président de la ligue Mondiale Islamique basée à la Mecque,
-membre de l'Académie de Recherches de l'Université d'Al-Azhar
-et vice-président de la Conférence Mondiale Islamique dont le siège est à Karachi.
Plus qu'un érudit et un leader charismatique, Ibrahima Niass(raa) était un homme politique d'envergure. Non seulement, il entretenait des relations étroites avec des leaders politiques africains et arabes dont l'ancien président égyptien Abdel Gamal Nasser et le premier président du Ghana Kwamé Nkrumah qui, bien que chrétien, passa pour avoir été un de ses disciples, mais il a été dans les années1950 et 1960, très actif dans l'arène politique africaine en général et nigérienne en particulier.
L'unificateur
En 1958, Cheikh Ibrahima Niass (raa) avait lancé l'idée d'un rassemblement de tous les chefs religieux. Mais cette structure qu'on aurait du identifier sous le sigle C.S.C.R (conseil supérieur des chefs religieux) n'a finalement pas vu le jour.
Ce qui l'intéressait véritablement était que l'islam triomphe et que les musulmans puissent vivre totalement et sans complexe leurs convictions, après avoir acquis toute la connaissance et la sagesse qui leur faciliterait une telle stabilité.
En somme, Baye Niass(raa) avait de bonnes relations avec toutes les couches sociales du monde musulman Sénégalais.
Baye Niass (raa)s'est rendu plusieurs fois à Tivaouane, (surtout au début du khilâfa de feu Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh). Lors d'une de ces visites, il lui est arrivé de passer la nuit dans la chambre de Serigne Ababacar sy(raa). A son tour, il reçut à Medina Baye, Sérigne Mansour Sy(raa) (frère de Sérigne Ababacar Sy) accompagné d'une forte délégation. Il a également échangé plusieurs visites avec Sérigne Abdoul Aziz Sy(raa).
D'ailleurs en 1973, lors du décès de Serigne Mbaye Niass(raa), jeune frère de Baye Niass(raa)(en qui Baye vouait une grande estime), Serigne Abdoul Aziz Sy(raa), venu présenter ses condoléances, reçut une marque de confiance de la part de Cheikh Ibrahim Niass(raa) qui lui demanda de diriger la prière mortuaire.
Baye Niass(raa)avait aussi d'excellentes relations avec la confrérie mouride de Touba. Il s'y est rendu pendant le khilâfat de Sérigne Mouhammadou Moustapha Mbacke en 1951 et durant le khilâfat de Sérigne Fallou Mbacke. C'est avec ce dernier que Cheikh Ibrahima Niass(raa) a eu les relations les plus suivies. Ces deux hommes étaient pour lui de vrais amis, ainsi que Sérigne Bassirou(raa) qui était à Kaolack (Ndorong). Mais ce fut avec Sérigne Fallou (raa)que les relations avec Touba connurent le sommet de leur dynamisme.
Ainsi, Cheikh Djibril Samb raconte qu'en 1964, Cheikh Ibrahima Niass(raa) a rendu visite à Sérigne Fallou. Lorsque Baye le quitta, il le raccompagna jusqu'à Mbacké où il fit savoir à Baye et à l'ensemble de la suite :
«Je n'ai jamais dépassé ce lieu-ci en raccompagnant mes hôtes de marque jusqu'au Président Senghor. Il ajouta : «Mais, j'irai avec vous jusqu'à Diourbel», chose d'autant plus inédite que Cheikh Fallou Mbacké le justifia ainsi :« vous êtes une personnalité d'exception, c'est pourquoi je vous raccompagnerai plus loin que quiconque ! ».
Outre ,les milieux religieux de Tivaouane et de Touba, Baye Niass(raa) entretenait des liens étroits avec le milieu Layêne par le biais de leur premier khalife et avec la famille de Ndiassane dont certaines personnalités ont achevé ou effectué une partie de leur formation à Médina-Baye, en l'occurrence Serigne Mouhammadou Kounta (imam )et Bécaye Kounta.
Baye Niass(raa) est un modèle de vertus et d'honneurs !
Djeureudjeufffffffffffffffffffffffffeeeeeeeeeeeeee BAAAAAAAAAAYYYYYYYYYYYYEEEEEEEEEEE Tes qualités feront école !
QuAllâh(swt) pardonne tous nos péchés dans le «zôhir» comme dans le
« bâtine »,petits comme grands,ainsi ceux de nos parents, ceux de tous ceux qui nous ont précédés et ceux qui nous suivront ,dans l'islam et dans la Tariqatou Tijaniyya ! Allâhumma Amîne Ajma'ine !
Ne m'oubliez pas pendant vos pieuses invocations !
wa salam