Un jour dans les rues de Basra, on demanda à Rabia (raa) pourquoi elle portait une torche dans une main et une cruche d'eau dans l'autre, et elle répondit :
«je veux jeter le feu dans le paradis et verser de l'eau dans l'enfer pour que ces deux voiles disparaissent et que l'on voit clairement qui adore Dieu par amour et non par crainte de l'enfer ou par espoir du paradis !».
* Rabia (raa), dite la « Sainte de Basra » (ou Bassorah, ville aujourd'hui située dans le sud de l'actuel Irak), est morte en l'an 801. Elle a introduit l'image de l'amour désintéressé dans le soufisme, une image très présente dans la spiritualité turque. Cet amour qui porte en lui-même sa raison d'être est devenu le thème central du soufisme. Presque tous les poètes mystiques en Islam, et tout particulièrement les poètes turcs, ont exprimé l'idée que «l'amoureux doit être sur la voie de l'amour de sorte qu'il ne se souvienne plus de l'enfer ou du paradis ».
Au cours des siècles, cet amour mystique a fortement imprégné l'islam pratiqué par les Turcs, qui se distinguent en cela d'autres peuples où, dans le rapport au divin, c'est la peur et la crainte qui dominent.
Rabia (raa)est l'une des rares figures féminines faisant l'objet de vénération dans le monde musulman. Ancienne esclave affranchie par son maître, l'amour de Rabia (raa) pour Dieu (swt) était absolu ; il n'y avait pas de place pour quelqu'autre pensée ou quelqu'autre amour que ce fût. Résultat : elle ne se maria pas. Son seul désir était de se perdre dans la contemplation de « Celui qui a créé les fleurs et le printemps ».
« Ô Bien-Aimé des coeurs...», c'est ainsi que Rabia (raa) s'adressait à Dieu(swt) dans ses poèmes...
wa salam