«BIBLIOGRAPHIE DE DE MOUHAMED IBN ARABI ATTAZI
(Décédé en 1214 et inhumé à Aynu Mâdî, Algérie.
Premier khalif de Cheikh Ahmed Tijâni Hassani Chérif (raa))
INTRODUCTION.
Dans la série «Mémorial des Saints de la Tijâniyya », nous publions la bibliographique d'un des plus grands compagnons de Cheikh Ahmed Tijâni (1736 - 1814), fondateur et maître de la Voie çoufie, connu sous le nom de la Tariqa Tijâniyya. Selon, Abdelaziz Benabdallah (1), citant les sources authentiques de la Voie, les trois premiers disciples du Cheikh Tijâni(raa) sont dans l'ordre:
1 - Muhammad ibn äl-michrî (raa) qui a rencontré le Cheikh ;à Télemcen; en 1188 H.2
- Alî Harâzim Barrada(raa) a rencontré le Cheikh, alors que celui-ci était en route vers Fez, à Wajda en 1191 H.3
- Muhammed Ibn Arabî, äl-tâzî, äl-damrâwî(raa), a rencontré le Cheikh à Télemcen, vers 1196/97 (2).
Il est reporté qu'à la fin de sa vie, le Cheikh a laissé plus de cent quarante mille (140.000) disciples, qui se sont rués vers lui ou vers ses grands lieutenants (muqaddam) seulement en trente ans de ministère spirituel. Le nombre actuel Tijânî, au monde, est évalué à plusieurs centaines de millions. Certains ont même avancé le chiffre de huit cent millions (800.000.000). Bien qu' El Hâj Alî Harâzim Barrada(raa) ait rencontré le Cheikh, avant Muhammed Ibn äl-Arabî äl-tâzî (raa), ce dernier a été d'abord le premier khalif du Cheikh. Quand le second décéda, à aynu Mâdî ,en 1214 H, deux mois avant l'installation définitive du Cheikh à Fèz. Le premier le remplaça à cette station harûnique (voir 2).
Pour cette note sur ce grand maître çufi, notre source est le livre de Cheikh Ahmed Sukayrij(raa) (« kachfu äl-hijâb » : le dévoilement ), lui même s'inspirant beaucoup du livre de Muhammed äl-arabî äl-sayïh (« bughyatu äl-mustafîdi fî charhi muniyati äl-murîd» : le désir bénéfique dans le commentaire de : [l'ouvrage] : l'aspiration du disciple). Ahmed Sukayrij(raa) expose aussi l'œuvre principale du Cheikh décédé prématurément. Il s'agit d'une collection de cent quatre vingt seize (196) prières sur le prophète (saw), organisées autour de vingt huit (28) chapitres. Chaque chapitre contient sept prières rimées selon une lettre de l'alphabet arabe qui en compte vingt huit. (Pr. Gane Samb Lô. Dakar Yoff, le 2 juin 00 , 28 safar 1421) H.=================================================
(2) Khalif: ne signifie pas, ici, le remplaçant avant sa mort. Dans toute mission spirituelle, il y a dédoublement. C'est le cas de Harouna et Moïse. Le prophète(saw) disait à Aliou : «Tu es pour moi ce que fut Harûn à Moïse.» De même, le Cheikh à dit à Alî Harâzim(raaa) : « Le prophète (saw) m'a appris que tu es pour moi ce que Harûn fut pour Moïse.» C'est la notion du khalif vivant avec celui qu'il est censé remplacer. C'est l'interlocuteur unique, en dehors du Cheikh, la porte unique d'entrée. C'est la station harounique.
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MOUHAMED IBN ARABI ATTAZI (radiyâllahu ta'ala ane-hu)
(Décédé en 1214 et inhumé à Aynu Mâdî, Algérie).
Parmi les compagnons de Cheikh Tijânî (raa), le grand wâli, le célèbre le gnostique , l'auteur de miracles éclatants, et des hauts faits (manâqib) hors-pairs, l'élevé , le (noble) chérif doué de la gloire (madj) originale, le purifié des impuretés de l'âme par l'acquisition des caractères nobles et qui s'est paré des ornements de connaissances saintes et élevées, celui qui a accédé à la wilâya ultime. C'est celui dont son installation dans la station ultime est témoignée, Abu Abdoullahi Muhammad Ibn Arabi äl-Tâzî (par l'habitation) äl-Damrâwî (par la naissance). Cet illustre Cheikh fait partie des grands compagnons, élus parmi les élus , de Seydinâ (3) (raa). Il a été un intermédiaire entre Seydina Cheikh Tijâni(raa) et le Prophète (saw).Dans tout ce qu'Il (Seydinâ) ne pouvait Lui demander ouvertement à cause de son extrême timidité‚ vis à vis du Prophète (saw) . Comme c'est le cas des grands «afrâd» en ce qu'ils utilisent des intermédiaires entre eux et les prophètes (saw) pour demander leurs désirata et qu'ils ne peuvent pas lui parler, tellement est grande leur timidité et totale leur noyade dans l'embellissement en présence de l'Ami (saw). A ce propos, Ahmed Soukayriji (raa)dit:
«Je nourris en mon fort intérieur des doléances
quand je verrai l'Ami du coeur, je les manifesterai
et quand nous nous rencontrâmes,
j'oublie tout comme si de point je ne les ai éprouvées.»
Malgré son jeune âge, il rencontrait très souvent le prophète (saw) en état d'éveil. Ahmed Sukariju (raa)raconte : « Mon maître Abdulâwi (raa ) m'a raconté qu'Ibn Arabi(raa) pouvait rencontrer le Prophète (saw) jusqu'à une vingtaine de fois le jour. Et le Prophète (saw) le recommanda à Seydinâ Cheikh Ahamad Tijâni(raa) qui lui portait un intérêt tout particulier au point de voyager spécialement pour s'entretenir avec lui de faits urgents.» Ar-Rayaahi (raa ) dans:« Mounyatil Murid» dit à ce propos : « De même il voyagea vers Ibn Arabi son éleve, l'Aimé, l'élevé, le digne
Et c'est lui qu'il recommanda Moustapha (Paix sur Lui), qui a choisi à sa place. »
Il est dit dans: «bughyatu äl-mustafîd» : «Dans cette période qu'il (Seydina) a passé à Abi Samghûn, Muhammad Ibn Arabi äl-Tâzi, äl-damrâwî(raa), faisait partie de ses plus fidèles compagnons et de ses plus intimes amis. D'ailleurs, Cheikh (raa) lui portait un plus grand intérêt à cause d'une recommandation directe du Prophète (saw). Et Cheikh Tijâni (raa) lui rendit visite dans la vie, comme dans la mort auprès de son tombeau. L'auteur de la « Bugh'yatu äl-mustafîd» finit en disant : « même si ces voyages ne sont pas racontés dans «Jawâhiru äl-ma'ânî »de Seydi Alï Harazim, le khalife exceptionnel de Ahmed Tijani." En citant les recommandations du Prophète (saw) à Cheikh (raa), rapportées par le mouqaddam Seydi Tayb Sufyâni(raa) dans son livre:« äl-aïfâda» , il dit : « Le Prophète (PSL) m'a recommandé Seydi Muhammad Ibn Arabî (raa) et m'a dit : « il a un droit sur toi ! ».3 D'après Taybu Sufyâni (raa), Ibn Arabi est un Chérif (descendant du Prophète) de Idmar Dachara (raa) de la contrée de Tâza. Ce qui lui a valu son surnom äl-Tâzî. Il est décédé en 1214 H à Aynu Mâdi et n'a laissé que deux filles. A propos de lui, l'auteur de « Munyatu äl-murîd » a dit :
«Que de disciples ont obtenu plus que leurs désirs
de sainteté à cause de sa compagnie comme
l'aimé de TAHA Moustapha, Ibn Arabi qui a obtenu
de son seigneur le plus haut degré .»
Il décéda de quelques mois avant Cheikh Tijâni (RA.) ne s'installe à Fèz en 1214 et son tombeau ,à Aynu Mâdî ,est célèbre à cause des visites fréquentes qui y sont effectuées en vue d'obtention de bénédictions. Le Seigneur lui a accordé des hauts faits innombrables. Un seul suffit pour montrer sa grandeur et prouver que le Prophète (saw) l'aime et qu'il servait d'intermédiaire entre Cheikh Tijâni(raa) et le Prophète (saw) avec la permission de ce dernier. Lorsqu'il s'installa à Aynu Mâdî et que la renommée de ses hauts faits diversifiés se propagea , les femmes de la contrée finirent par ne parler que de lui. Les hommes en devinrent jaloux. Cette jalousie atteignit un tel point que certains d'entre eux conçurent un plan pour le tuer. Pour exécuter ce plan, ils choisirent un homme qui fréquentait souvent la maison de Ibn Arabî (raa) et lui demandait des bénédictions. A Celui-ci, Ibn Arabi (raa)ne cessait de lui dire : «Oh ! Un tel, éloigne-toi de moi car mes ennemis te paieront pour que tu me tues.» Un jour cet homme rentra chez Ibn Arabi et l'assomma par surprise avec une barre en plomb. Ibn Arabi mourut ainsi (raa). «Or commandement de Dieu est détermination déterminée» (33:38).
En effet, il s'apprêtait à faire un «tassarruf» dans la population de Aynu Mâdî par la voie de la « moukachafa». Après cet assassinat, un wali contemporain de Nûnu a voulu se venger alors qu'il n'était même pas un disciple de Cheikh Tijâni(raa). Ce dernier (raa) lui écrivit une lettre pour l'en dissuader. Le groupe de compagnons qui porta la lettre comprenait entre autres Muhammad Ibn äl-michrî (raa). Et il ne lui resta que de suivre l'ordre de Cheikh (raa) en renonçant à la vengeance. Dieu(swt) s'occupa lui-même de ses ennemis, instigateurs et assassins. Ils furent dispersés‚ et détruits. Il ne leur reste dans cette contrée qu'une descendance infime indexée jusqu'à présent et bassement considérée. Et tout ceci leur vient des actes de leurs ascendants. Que Dieu nous préserve de faire ou de dire du mal de ses Amis !
D'après Seydi Ahmad Abdalâwî (raa), Cheikh Tijâni(raa) remplaça Ibn äl-Arabi äl-Tâzî (raa), à sa mort, par Seydina El Hâj Alî Hrâzim(raa), comme « khalifatu äl-aä'azam » (grand khalif, c'est-à-dire occupant vis à vis de lui la position de Harouna par rapport à Moussa) ou celle de Ali Ibn Abi Taleb(raa) par rapport à Muhammad (saw) sur l'ordre du Prophète (saw). Seydi Ahmad Sukayrij (raa) rapporte qu'il est tombé sur un grand trésor, une lettre écrite de la main droite bénie de Ibn äl-Arabî äl-tâzî(raa), à l'endroit de Cheikh (raa). Dans cette lettre, il lui apprend qu'il a reçu pour lui de la part du Prophète (saw), un secret parmi les secrets, précisément, «dawrul äl-aänwâr», que seuls, reçoivent ceux qui ont été inscrits parmi les justes dans la science primordiale du Seigneur. Cette lettre mentionne les plus grandes particularités du « dawrul äl-aänwâr», dont il n'est pas question de mentionner ici quoi que ce soit, de peur qu'il ne tombe dans des mains inaverties. Parmi ses hauts faits on peut citer un petit poème, qu'il a reçu du Prophète (saw) en lui ordonnant de le faire parvenir avec son commentaire à Cheikh Tijâni(raa). En fait, il a reçu ces vers durant son sommeil et s'est réveillé en les ayant en mémoire. Ensuite, il rencontra le Prophète (saw) en état d'éveil et lui demanda la signification de ces vers. Il l'a lui donna à cause de son amour (Ibn Arabi) envers Cheikh Tijâni (raa). Il lui dit d'ailleurs: «Tu ne m'aurais point vu si ce n'était ton amour envers Cheikh (RA).» Signalons maintenant un grand bijou pour les amis, une des perles qu'Ällah (swt) a fait couler sur sa langue, une prière sur le Prophète (saw) en 28 parties. Chaque partie étant associée à une des 28 lettres de l'alphabet arabe. Les prières d'une même partie voient toutes leurs terminaisons sur la même lettre. Il nomma ce zikr "La Perle du nécessiteux de la prière sur le maître de l'Ascension ". Cette prière a été commentée par Seydi Muhammad Ibn äl-michri (raa). Celui-ci raconte :«J'ai rencontré Seydi Muhamad Ibn äl-Arabî, lors d'un voyage que j'éffectuai avec quelques frères, en visite à Seydina Ahmed Tijân (raa). En ce moment, il avait déjà composé cette prière sur le Prophète (saw), à partir des connaissances infuses qu'i a reçues d'Ällah(swt). Car connaissant son jeune âge, son ignorance des règles de composition et de rédaction de textes et des méthodes des auteurs professionnels ou des littéraires avertis, on comprend aisément toutes les difficultés qu'il devait éprouver à composer cette perle seulement en 3 jours. Ce n'est donc point grâce à un effort intellectuel qu'il a réussi à le faire. Il a plutôt puisé de le mer de la décrue divine dans laquelle il est constamment immergé.
On comprend aisément qu'il puise son inspiration des grands magasins divins. Il suffit pour s'en convaincre de rappeler qu'il rencontrait à l'état de veille le Seigneur de toute les nations Muhamed (saw). Il manifestait les secrets les plus élevés et les merveilles les plus étonnantes que les plus grands esprits intellectuels ne peuvent réussir à l'exception des grands gnostiques de Dieu (äl-cärifûn bi-Ällâh) et des pélerins accomplis.»
Je me permettrais de faire ici un commentaire actuel. Quand on connaît la complexité de la langue arabe, de sa richesse extraordinaire, et quand on sait que la versification (arûd)en arabe est une chose très ardue, on ne peut pas comprendre que nos grands maîtres spirituels de notre pays (non arabe) tels que Cheikh äl-Ïslam Ïbrâhîm Niass(raa), Mawdo El Hadj Malick Sy(raa), Khadîmu äl-rasûl Ahmad Bamba(raa), etc..., puissent à longueur de journées, avec une facilité presque enfantine, produire des poèmes en l'honneur Prophète (saw) ou des versions versifiées de certaines sciences religieuses, à une époque où toutes les études se faisaient entièrement au pays, que si l'on accepte qu'ils écrivaient sur inspiration divine due à leur haute station. Au moment où nos jeunes intellectuels vont étudier dans les grandes universités arabes, les a-t-on vus produire des textes littéraires comparables aux écrits des nos maîtres spirituels? Mais revenons à notre commentateur Muhammad ibn äl-michri(raa).
Quand le commentateur fut reçu par Ibn äl-arabî (raa), il lui demanda de l'éclaircir sur certaines passages de cette perle de 28 paquets de sept prières chacune, sur le Prophète(saw). Ibn äl-arabî(raa) n'avait que le texte sous ses yeux et à chaque question il regardait la prière correspondante pour répondre sur les biens faits et les particularités de cette prière. Etonné, Ibn äl-michrî lui demanda la raison pour la quelle il ne répondait qu'après avoir lorgné sur la prière en question. Ibn äl-cArabî lui répondit que, lorsqu'il regarde le texte, il voit apparaître les bienfaits et particularités attachés à cette prière transcrits au dessus de son texte . Et il ajouta qu'il a composé cette prière avec la permission du Prophète (PSL) qui lui dit de recommander les croyants de la lire. Parmi les particularités de cette perle, Il est garanti que celui qui lit cette prière avec assiduité verra le Prophète (PSL) à l'état de veille ou en rêve. Selon Ibn äl-michrî (R.A), tout croyant peut lire toutes les prières sur le Prophète (PSL) sans permission des maîtres attitrés; il en recevra la récompense. Néanmoins, pour jouir de ses particularités, il doit chercher la permission selon le mot des sufi: "Le secret se meut avec la permission (äl-sirru yasrî maca äl-ïzni". Mais, pour cette perle, cependant, il n'est pas besoin de permission (selon Ibn äl-michri). Il suffit de formuler l'intention de voir le Prophète et de la lire avec assiduité.
Ibn äl-Arabî (raa) rencontra Cheikh Ahmed Tijânî (raa)à Télemcen. De ce compagnonnage, il reçut la grande ouverture attestée dans cette note. Avant la rencontre de Cheikhnâ (raa), il possédait déjà des secrets qu'il avait reçus de certains savants mais il n'avait pas encore pris la Voie (sayr ou sulûk) vers l'Enceinte Sainte (äl-hadratu äl-qudsî), c'est-à-dire le chemin vers la gnose certaine de Dieu(swt) ou tout simplement la voie du «fanà fî Ällah». A cette époque, il réalisait déjà des miracles et priait beaucoup pour les gens pour la réalisation de leurs désirs. Quand il rencontra Cheikh (raa), celui-ci lui intima d'arrêter ces choses et lui ordonna de suivre la Voie en vue d'obtenir la Pleinitude et de s'envoler vers les hautes stations et les degrés sublimes de la promiscuité divine. N'eût été‚ cette interdiction, il aurait été l'une des plus grandes curiosités, les plus extraordinaires de tous les temps, du moins du point de vue des réalisations étonnantes aux yeux des hommes. Mais, hélas, ce n'est point ce qui est utile chez le Maître absolu qu'Ällah(swt).Le miracle absolu est l'Agrément total du Seigneur pour son esclave. A ce propos, le nom préféré de Mouhamad (saw) est l'esclave de Dieu. A trois reprises dans le Coran, Allah(swt), en effet l'a appelé, l'esclave de Dieu. Dans le reste de ce chapitre, signalons quelques sentences et paroles de Ibn äl-arabî äl-Tâzî (raa).
Phrases célèbres de Ibn Arabî
1. Il lui a été demandé le sens de la lettre: « ba » et de son point. Il répondit que le « ba » est relatif à la « baqà » d'Ällah, son Eternité sans commencement et sans fin et son Existence par rapport au «fanà» des créatures, à leur extinction, et que le point du « ba »fait allusion à la « hahiqatu äl-muhammadiyya », c'est-à-dire la Lumiere Essentielle Primoridale , à l'origine de l'existence. En effet, Dieu dit: « J'étais un trésor caché et j'ai voulu être connu. J'ai alors créé la créature. C'est par elle qu'on me connaîtra.» (hadith qudsi). Il commença par la Manifestation Première à travers cette réalité muhammadienne (äl- hahîqatu äl-muhammadiyya). Cette réalité première est le secret de toute la créature. Quant à leur mérite (la lettre b et son point), il est aussi grand que celui de la fâtiha (4). La « basmala », est dans la lettre « b». Néanmoins, pour pratiquer le « dhikr» de cette lettre, il faut lire toute la basmala (5). Dans son écriture, la lettre « ba » est ecrite debout (allongée d'un alif) par le respect de son sens élevé. Selon lui, celui qui écrit la lettre arabe «b» suivi de son point en ayant à l'esprit les particularités décrites ci-haut ou celui qui écrit la basmala (bismi ällâhi äl-rahmâni äl-rahîm) précédé d'un « bi » (collé) et formule l'intention du dhikr continu, l'obtient même s'il se tait. Le bénéfice du dhikr continu peut aussi être obtenu en écrivant une prière sur le Prophète (saw) sur un papier et de mettre cette feuille dans sa poche. Enfin, pour terminer sur ce point, Sayyidî Ibn äl-Arabî (raa) signale que, par exemple, pour soigner un mal, on peut avoir à l'esprit les sens du "ba" et de son point, plonger une plume dans l'encre et faire tomber un point sur l'endroit qui fait mal, en formulant la demande de faire partir le mal. Avec la permission de Dieu, le mal s'apaisera.
2. Selon Ibn äl-arabi äl-tâzî, (raa), le crachat de nuit fait tort à celui qui le fait. Il peut arriver que le crachat atteigne le visage d'un ange et il lui est compté une mauvaise action ou qu'il atteigne un «jînn» qui peut se venger en lui tordant la bouche ou en lui causant un autre mal. Que Dieu nous protège. Amine ! Que celui qui veut cracher la nuit le fasse dans un mouchoir. Si c'est le jour, qu'il évite la direction de la qibla.
3. Malgré son jeune âge, il espérait atteindre la station de Seydina (raa)
après son Ouverture (fath) consécutive à sa connexion avec Seydina. Avant ceci, il était dans la tariqa de Bal Ibn Azûz. Seydina(raa) a dit que Prophète (saw) lui a dit: « Bah Ibn azûz est le satan de cette communauté». Quand il rencontra Seydina et fut témoin ses karamat (miracles), il lui demanda la permission de suivre la Voie. Il arriva a un tel point d'élévation qu'il lui est arrivé d'espérer atteindre la station de Seydinâ Tijâni (raa). En effet il écrivit à Seydina qu'il a vu une station entre la «qutbâniyya »(la plus haute station après la prophétie) et celle des prophètes, encore non héritée et qu'il l'espérait pour lui même. Il la demanda au Prophète (saw) qu'il voyait souvent. Il apprit que cette station était réservée de Cheikh Ahmad Tijâni(raa), le Cheikh caché et Sceau des Amis de Dieu (raa). Il s'empressa d'écrire à Seydina pour l'avertir, de peur de perdre tous ses acquis spirituels pour avoir demandé la Station du Sceau des Amis de Dieu pour son propre compte. Il demanda néanmoins à Seydina de le recompenser de cette bonne nouvelle par dix récitations du Nom de Dieu le plus grand (ïsmu ällahi äl-aä'azam), de la « salâtu äl-fâtihi », de la « miftahu äl-qutbâniyya» et rappela qu'Ällah(swt) a allongé la langue du Cheikh dans le zikr, d'une ampleur unique si bien que la lecture d'un zikr, lui et ses enfants et des grands parents pendant soixante dix ans, ne vaut pas la lecture unique de Cheikh Ahmad Tijân (ra).
Quelques miracles.
Signalons enfin certains phénomènes hors du commun reproduits par Cheikh Ahmed Soukayij (raa) dans son livre.
1- Un jour les enfants de Cheikh Ibn äl-Arabî äl-tâzî ont eut des incidents avec certains adultes de Aynu Mâdî (Algérie). Ceux-ci décidèrent d'un commun accord de s'en prendre à toute personne qui se mettrait entre eux et le Cheikh. Ils demandèrent aux habitants de Aynu Mâdî de le leur livrer. Sinon ils détruiraient leurs demeures. Ils vinrent voir Cheikh avec une force terrible. Ils lui demandèrent de les suivre. Il ne releva même pas la tête mais continua à écrire des choses par terre. Puis il prit un bout de papier, y écrivit des lettres et déchira la feuille en deux. Ensuite, il les jeta vers ceux qui étaient venus l'emmener. Les deux bouts de feuilles s'élancèrent vers les haut puis se heurtèrent. Il dit : « Qu'il en soit ainsi jusqu'au jour du Jugement ! ». Ällah(swt), dans sa sagesse infinie, a fait que ses ennemis ont commencé immédiatement à se disputer entre eux et à se bagarrer. Jusqu'à présent l'animosité s'est installée entre eux.
Que Dieu nous empêche de nous en prendre à ses Amis !
2 - Quelquefois, quand il avait besoin de la pluie pour ses champs, les nuages se formèrent et la pluie s'abattit uniquement sur ses champs.
3 - Un jour sa femme eut envie de boire du miel. Et ce n'était pas la saison. Et il n'avait l'habitude de la décevoir. IL lui demanda de patienter cette fois. Elle refusa. Alors il lui dit : « Sors, tu trouveras du miel au perron de la part de Cheikh Ahmad Tijânî (raa)». Elle sortit et trouva le miel. Cette femme se vantait des bienfaits miraculeux qu'elle recevait de son mari auprès des femmes du quartier. Celles finirent de ne parler que du Cheikh. Leurs maris tardèrent pas à devenir jaloux.
4 - Un jour, Seydina (raa) envoya le chercher à Tâzi par l'intermédiaire de El Hâj Mousaqqam qui lui vint en cheval. Durant le retour vers Abu Shamghûn, le chaval tomba mort. Seydi Ibn äl-Arabî(raa) lui, par la grâce d'Ällah le Puissant, ordonna un « rûhân », être immatériel (6), de faire marcher le cheval. Celui ci se releva et, sur son ordre, accéléra le trot, en tout dégageant une mauvaise odeur [de mort]. Une fois à Abi Samguun, le cheval tomba raide et des vers commencèrent à sortir du cheval.
Une lettre de Cheikh.
Ahmed Sukayriju (raa) rapporte qu'il est tombé sur une lettre que Seydina (raa) à écrit à Ibn äl-arabî (raa), en réponse à une lettre dans laquelle il lui posait des questions sur la médisance et son sens à propos des droits de la créature. Dans sa réponse, Seydinâ (raa) parle, entre autres, de la valeur inestimable de la « salâtu äl-fâtih », [prière de l'ouverture] (7) :
«Tu lis une fois la salâtu äl-fâtih, puis tu dis : Oh Dieu, je donne la récompense de cette prière à toute créature qui me réclamerait, le jour du jugement dernier, un droit sur moi ou la réparation d'un tort que je lui ai causé ou une dette. Oh Dieu, repartis-la entre eux chacun selon sa part.»
Rappelons qu'on ne peut jouir de toute la bénédiction de la salâtu äl-fâtih que si l'on croit qu'elle n'a point été composée par une créature mais qu'elle fait partie des paroles anciennces (kalâmu ällâhi äl-qadîm) du Seigneur
Qui l'aime rentre au paradis et qui le déteste rentre en enfer !
Dans une lettre qu'il écrivit à Seydina (raa), il lui raconte qu'il a reçu la visite d'un groupe de savants à Aynu Mâdî, parmi eux Cheikh Muhammed Ibn äl-michri(raa) et le gnostique Cheikh Alî äl-tamâsînî (raa). Ils lui demandèrent si les animaux rentreront au paradis. Il dit :« ils pensaient que je suis intelligent mais ils ignoraient que je ne suis qu'un sot (8). Mais celui qui m'aime dans cet état rentre au paradis tandis que celui qui me hait rentre en enfer (9). Je fus très étonné par cette question jusqu'à ce que j'ai rencontré le prophète(saw) qui m'apprit que parmi les animaux il y en a qui rentreront au paradis. Ceux sont les animaux des prophètes et des Amis de Dieu, ceux qui sont morts dans la «Jihad», ceux qui portent les pélerins (hujjâj) vers la Mecque, etc.. Que leur paradis est différent de celui des hommes et djinns. Il n'y a point de demeures mais des plantes qu'aiment ces animaux là »
Enfin terminons cette bibliographie par ces quelques vers de Ahmed Sukayriju (raa).
Eloges à ibn äl-arabî äl-tâzî(raa).
«Que non, ne me blâme pas, toi le réprobateur dans l'amour
Certes, mon cœur, dans la passion, a déjà crié
Penses-tu, avec le blâme, me submerger
Bien sûr, mon mal [passion] augmente avec le blâme
M'a plu ce que j'ai vu dans la passion
Je l'ai enduré avec ce par quoi mon foie est cautérisé
Dieu refuse d'effacer de mon cœur l'amour de celui
Que j'ai pris comme favori, parmi les doués de passions
N'est-ce pas que mon cœur ne penche point vers un autre
Je ne me distrais pas, dans l'amour, de lui vers un autre
Je suis endurant dans toute infortune
Mais mon cœur est très ferme dans l'intention
Certainement, je montre ma passion et ma peine
Et point de remède contre la dissimulation de l'amour
Si vous me demandez mon amour et roi
Je vous dirais mon cheikh Tijâni, pas un autre
Il a obtenu une haute station parmi la créature et auprès de Dieu
et mis ses compagnons dans l'aile du Seigneur.
Sa station s'est élevée sur la plus haute pointe
Au point qu'il s'installa au dessus des grades
Et il est la corde solide pour ceux qui s'y cramponnent
et toute personne qui lui vient réalise ses désirs
Lui reconnurent sa grandeur, ses ennemis
et par Allah, celui qui l'incrimine, est dans l'égarement.
Réussirent de lui de jeunes chevaliers, par l'amour
et obtinrent dans l'existence la préséance sur les autres
Apparurent, en toute vérité, au dessus des chaises de la puissance
et le drapeau s'en trouva dans la main d'entre eux
Surtout celui qui devint son meilleur intermédiaire
celui la qui a bu de son verre et de ses secrets
Mouhammad äl-tâzî, celui dont les hauts faits ne se comptent point
et qui s'est envolé et en qui la passion s'est renfermée
Je veux nommer äl-damrâwi de naissance, son aimé
et l'aimé du Prophète (psl) dans la ici et ailleurs (10)
Il avait auprès du Prophète (psl) une haute place
à cause du Tijani celui qui englobe toute la grandeur
Il voyait le Prophète (psl) en songe et en état d'éveil
beaucoup, Oh Dieu, de ce qui est rapporté de sa personne.
Par Dieu, ce qu'il obtint des connaissances
Et de la sagesse, le cœur des jaloux s'en trouve cautérisé
Ce que Dieu a fait apparaître chez les hommes de guidée, d'elle
toute branche s'en est trouvée brillante après leur fanation
Et il fut très jeune parmi nous et mais sa puissance
est élevée et au dessus de toute élévation, il s'est installé
Il eut le kachf (11) limpide et ses préoccupations
s'élevèrent à tel point qu'il atteignit tout secret
Il eut le tasrîf (12) facile dans la nature
et son tasrîf , est égal et exceptionnel chez les hommes.
Et il fut, par la vérité par Dieu, un signe
duquel la substance des grandes voies se maintient.
Par la puissance qui réussit par notre Cheikh Tijâni,
Je sollicite de Dieu qu'il nous gratifie tout remède
Qu'il pardonne nos péchés et voile nos défauts
Qu'il nous protège contre les pièges de Satan et de la passion
Qu'il nous ouvre les portes de la féliciter pour toujours
Qu'il protège l'intention de notre cœur dans les deux mondes»
Notes
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3. Dans tout le texte, Seydinâ ou Cheihknâ (notre maître), ou le Cheikh (sans autre précision) renvoie à Cheikh Ahmed Tijâni
4. Première sourate (chapitre) qui ouvre le Coran.
5. Il s'agit de la formule : Bismi ällâhi äl-rahmâni äl-rahîm
6. Rûhân : être immatériel, fait de lumière. A la différence des anges, ces derniers sont sous l'ordre exclusif de Dieu, en dehors de toute créature, y compris les prophètes. Les rûhân, peuvent être, commandés par de simples individus, sous certaines conditions précises de pureté.
7. Pour le texte, la transcription et la traductions des dhikr de base de la tijâniyya, voir notre traduction de l'ouvrage de Cheikh Ibrahim Niass (bayân wa tabyîn ani äl-tijâniyya wa äl-tijâniyyîn) sous le titre : Lumière sur la Tijâniyya.
8. Bel esprit de modestie !
9. Une autre ressemblance avec Ali, cousin et gendre du Prophète (saw) : L'aimer ou le détester revient à aimer ou détester le prophète (saw).
10. Qurb et nawà : dans la promiscuité et dans l'éloignement
(11) Dévoilement de réalités cachées.
(12) J'ai traduit déjà cette notion par la disposition. Nous n'agissons en fait que par cette disposition du fait de notre position de vicaires de Dieu sur terre. Parmi nous, les plus proches de Dieu, ont conscience de cette disposition dans les actes. Ils ne se voient pas agir. Dans l'enseignement çufi, il y a trois catégories d'acteurs. Ceux qui croient agir par leur propre faculté, ceux qui savent qu'il n'agissent qu'avec la puissance divine et enfin, les gnostiques, qui agissent dans Dieu.
Voir notre traduction de deux lettres de Cheikh Ibrahima Niass (les trois étapes de la religions).