»»«Salam Momowally !
Je veux savoir si dans le domaine médical, les Arabes en général et l'islam en particulier, ont été seulement réceptifs ?
Hindy (Alger)
Salam à Tous !!!!!!!!!!!!
« Dans sa diversité, la Terre est Une, et les Hommes sont Frères et Voisins ! » nous enseigne le livre Saint,le Qur'ane.
Il ne semble pas qu'ils contribuèrent à faire évoluer la pensée d'Hippocrate par des idées originales mais à une époque troublée ils furent les gardiens de la tradition et les intermédiaires des mains de qui l'Occident reprit les précieux écrits.
Au IXe siècle, chaque grande capitale du monde arabe ( Bagdad, Damas, Le Caire, La Mecque, Samarie) possède son centre culturel avec bibliothèque où érudits et élèves se croisaient, attirés par les textes de l'Antiquité. Les héritages scientifiques orientaux et hellénistiques ont été à l'origine d'une science islamique qui atteignit son apogée aux IXe et Xe siècles et influença plus tard l'Occident chrétien.
Si les opinions divergent parfois concernant la civilisation arabe, c'est parce que le qualificatif d'arabe ne repose sur aucun argument d'ordre ethnique, politique ou religieux.
Les vrais Arabes ont été absorbé, au cours de leurs campagnes militaires, dans un grand nombre de populations hétérogènes: Iraniens, Turkmènes, Berbères, Espagnols, Africains et Grecs. L'empire musulman n'a jamais eu d'unité durable; témoignant de tolérance à l'égard des cultes existants, les musulmans ont encouragé une bienveillante collaboration avec les érudits des nouveaux arabisés. Pour le Prophète (saw)chaque peuple soumis doit conserver le choix de se convertir ou de verser un tribut lui permettant de conserver ses croyances, une sorte d'impôt de la tolérance religieuse.
Le seul lien était en fait représenté par la communauté de langue et d'écriture; mais la langue arabe n'était pas le plus souvent la langue de naissance. A ce sujet on peut remarquer que le premier livre médical écrit en arabe vers l'an 681, était une traduction par un juif d'un livre écrit en grec par un chrétien d'Alexandrie: "Le Pandecte d'Aharun" qui rassemble les premiers travaux de médecine de l'antiquité.
II - Les différents Médecins au cours de la conquête
Avant l'Islam, en Arabie, le médecin était un guérisseur, il pratiquait quelques actes d'urgence orthopédique, utilisait des recettes de phytothérapie et des formules de contre-sorcellerie. L'accoucheuse pratiquait les soins aux femmes.
Une phrase attribuée au prophète Mahommed (saw) lui-même résume la situation du médecin: « Il n'y a que deux sciences, la théologie pour le salut de l'âme et la médecine pour le salut du corps.» C'est de là que dépend toute une série de conseils médicaux. C'est pourquoi le médecin est à la fois porteur d'une science : « Ilm-Attib» et d'un art : «sinaa » et d'un pur savoir théorique et d'un savoir faire : « al-kindi ».
Les médecins de l'Islam sont le plus souvent des savants ayant des connaissances dans de multiple domaines. L'image du médecin préconisé par l'Islam est celui d'un Sage (Hakim). Le mot arabe : «Tibben » à l'origine signifiait aussi bien médecine que magie. Par la suite le «Tabib » ne signifiait plus que guérisseur ou thérapeute, alors que le « Hakim » concerne le prestige du Savant ou du Philosophe.
Au cours du Moyen Age les pays islamisés avaient une tradition médicale orientée vers l'enseignement, l'organisation et l'exercice pratique de la profession ainsi que la construction d'hôpitaux. La littérature médicale en langue arabe est certes abondante, mais elle manque d'originalité. Mais la médecine arabe a eu le mérite de conserver et transmettre de nombreux textes grecs et latins oubliés ou perdus au cours de la première période du Moyen Age occidental.
A partir du VIIe siècle, l'essor de la Médecine en pays d'Islam va se faire en quatre périodes successives.
1 - Première période: les deux premiers siècles de l'Islam
Les sources: le Coran, et l'inititaion: les convertis.
La naissance de Mohammad (saw) se situe à l'époque de la mort de Justinien.
Mouhammad(saw) a édifié les fondements d'une religion et d'une loi nouvelles, imprégnées de judaïsme dans une ambiance où l'art de guérir empruntait des pratiques fétichistes.
Dans les 114 sourates et les 6211 versets du Coran, le Prophète(saw) place la médecine aux cotés de la théologie, parmi les deux sciences principales. C'est ainsi qu'il énonce des prescriptions hygiéno-diététiques inspirées par la tradition qui ne sont pas sans rappeler celles qui étaient en vigueur dans les pays chrétiens environnants ou ceux imposés par la loi hébraïque.
Pour combler leur déficit culturel, les premiers chefs arabes tentèrent de s'attacher le concours des peuples civilisés récemment annexés, convertis ou non. Certains persans rapportèrent de Byzance et de Babylone les connaissances des vieilles civilisations assyrienne, babylonienne ou akkadienne.
La plus grande compréhension était de règle à l'égard des juifs, des chrétiens-nestoriens, des grecs ou zoroastriens. C'est ainsi que les Arabes puisèrent leurs connaissances médicales d'une part sur place en pays héllénisé et d'autre part auprès des moines nestoriens exilés par Byzance qui cherchèrent paradoxalement refuge "in partibus Infidelium" et apportaient avec eux le savoir et les livres accumulés dans leurs célèbres écoles.
La Syrie était devenue au fil des siècles un asile de culture médicale, les Jacobites d'Asie Mineure donnaient libre cours à leur érudition, et la Perse accueillait les lettrés et exerçait un vif rayonnement. Al Hareth Ibn Kaladah dit al Thakefi (né près de la Mecque à la fin du VIe siècle - mort en 634), est le premier médecin arabe digne d'être mentionné un des compagnons du saint prophète Mohammed (saw), formé à l'école de Jundishapour en Perse, s'intéressait à l'hygiène alimentaire et sexuelle, il recommande en priorité l'utilisation de ventouses et de lavements et emploie peu de médicaments. Il fut à la fois le médecin de Khosroès II et l'ami du Prophète(saw).
A partir de la conquête d'Alexandrie, l'enseignement de la médecine se faisait en Egypte. Puis après l'an 720, le centre des études s'est déplacé à Harran en Perse. C'est à Alexandrie et à Gundishapur qu'étaient conservés la plupart des manuscrits des auteurs grecs, qui servirent de modèle.
2 - Deuxième période : l'épanouissement et les traducteurs du VIIIe au XIIe siècle.
C'est aux chrétiens d'origine syrienne ou byzantine que l'on doit les traductions en syriaque puis en arabe des grands ouvrages médicaux et d'en avoir assuré la diffusion en Orient grâce à la bienveillance des autorités califales. Une place revient à la famille des Bakhtishu ou Bukht-Yishu (signifie serviteur de Jésus en siriaque), médecins chrétiens-nestoriens perses installés à Bagdad pendant six ou sept générations (du VIIIe au XIe siècle), le plus ancien d'entre eux dont nous avons des traces est Jurjis ibn Bakhtishu, formé à l'hôpital de Gundishapur en Perse, qui avait été appelé à Bagdad pour soigner le calife Al-Mansur en 766, et fut suivi par son fils Bakhtishu II et son petit-fils Jibril ibn Bakhtishu. (voir la généalogie de la famille Bakhtishu).
A Bagdad, un médecin chrétien jacobite de culture arabe Abu Zakariya Yahia Ibn Massawaih dit Mesuë l'ancien (776-855), connu aussi sous le nom de Janus Damascenus, né en 776 à Khuz prés de Ninive en Perse et mort à Bagdad en 855 où il exerça et pratiqua la médecine, et qui fut le médecin personnel du khalife Haroun al-Raschid. Il a fortement contribué à l'essor médical en inaugurant l'ère des grands traducteurs (traductions des travaux d'Hippocrate, de Galien et d'Aristote). Son oeuvre encore mal connue eut un retentissement dans toute la médecine médiévale européenne. Son "An-Nawadir-at-Tibiya" (Recueil des aphorismes médicaux), servit de modèle d'enseignement médical pendant des siècles. Il a également écrit le premier traité de régime alimentaire en s'inspirant de Galien : « Kitab Hawass al-agdiyah.»
Son principal élève fut Hunayn Ibn Ishaq dit Johannitius (809-877), la plus grande figure du IXe siècle, né à Hira (Bas-Euphrate), chrétien d'origine syriaque, nestorien de culture arabe, exerça à Bagdad et à Damas où il était appointé par le caliphe al Mamoun. Médecin et traducteur des œuvres de Platon, Aristote, d'Hippocrate et surtout de Galien, il travaillait auprès du célèbre médecin Jibril Bakhtishu petits fils de Jurjis Bakhtishu devenu le médecin-chef de l'hôpital de Bagdad et le médecin privé du calife Al-Rashid jusqu'à sa mort en 829. Il est l'auteur du "Kitab al Masae-il Fi Tib" (Livre des questions sur la Médecine) ainsi que du "Nawasir al falasifa" dans lequel il développe des théories de la Médecine, l'Anatomie, la Séméiologie et de la Pathologie et surtout en Ophtamologie sur laquelle il a écrit dix traités divers, devenant ainsi un pionnier arabe en cette matière.
Ainsi la médecine figure au huitième rang après la géométrie et l'astronomie et avant la musique, la logique et la philosophie. Hunayn Ibn Ishaq est l'auteur du premier serment médical qu'il rédigea après avoir refusé au Calife de préparer un poison que celui-ci destinait à un ennemi. Son fils Ishaq ibn Hunayn l'aida dans ses traductions et suivit le même chemin; ainsi que Qorra et son fils Sinan.
« Ma Science ne porte, écrit-il que sur les substances bénéfiques ; je n'en ai pas étudié d'autres. Deux choses m'ont retenu de préparer le poison mortel: ma religion et ma profession. La première m'enseigne que nous devons faire du bien même à nos ennemis, et à plus forte raison à nos amis. Quant à ma profession, elle a été instituée pour le plus grand bénéfice de l'humanité, dans le but exclusif de guérir et de soulager. En outre, comme tous les médecins, j'ai juré de ne donner à personne aucune substance mortelle. »
Une école de traducteurs avait été créée par les frères Banu Musa. Hubaysh ibn al-Hasan, appartenait à cette école, il parait avoir introduit le massage cardiaque externe. Un de ses disciples Istifan ben Basil dit Stéphane, qui traduisit :« Discoride » en arabe, rassembla toutes les connaissances pharmacologiques du premier siècle de notre ère qui furent utilisés par tous les médecins arabes de Bagdad à Cordoue. Cette traduction fut améliorée plus tard par le moine Nicolas.
Parmi les autres traducteurs on peut citer: Yahia An Nahwi (Jean le Grammairien), Evêque Jacobite Philopponus d'Alexandrie, Issa ibn Yahya élève de Hunayn Ibn Ishaq et initiateur d'Ibn Sina (Avicenne).
Al Kindi (796-873), Surnommé "le Philosophe des Arabes", en matière de médecine, ses contributions se traduisent par les efforts déployés en vue de déterminer mathématiquement les doses médicinales. Aussi al-Kindi était-il «le premier à avoir fixé de façon rigoureuse les doses de tous les médicaments connus à son époque.»
Juste bon à savoir !
wa salam