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Taîba Niassène
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Taîba Niassène

VIP-Blog de momowally
bayy-99@hotmail.com

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  • Créé le : 25/06/2007 20:12
    Modifié : 18/01/2014 10:26

    Garçon (38 ans)
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    Un pan de l'histoire de Cheikh Ibrahima Niass de kaolack

    10/09/2013 00:05

    Un pan de l'histoire de Cheikh Ibrahima Niass de kaolack


    Sallam à tous les Talibés Niass !

    Il ne serait pas exagéré de dire que Mawlana Cheikh Ibrahim Niasse fut l'une des personnalités musulmanes ayant le plus intrigué l'administration coloniale en AOF, de la fin des années 1940 à l'indépendance. Tout en proclamant à chaque fois qu'il se rendait à l'étranger, sa loyauté à la France et en prenant notamment soin de rendre des visites de courtoisie aux consulats français, il a toujours gardé une relative autonomie vis-à-vis de l'administration coloniale. Celle-ci n'était certes pas dupe de ses proclamations de loyalisme, mais dans la mesure où il a toujours pris soin de ne pas s'opposer à elle, et parce qu'il avait une importante clientèle dans toute l'Afrique Occidentale, cette dernière n'a jamais jugé opportun de l'arrêter ou de le déporter comme elle l'a fait pour Hamallahoula(raa)  ou Amadu Bamba(raa).
    De nombreux témoignages dans ce sens se trouvent dans différents rapports du Bureau des Affaires Politiques du Gouvernement général de l'AOF au ministère de la France d'Outre-mer, qui se trouvent aux Archives du ministère de la France d'Outre-mer basées à Aix-en-Provence. Il convient de noter que sur les dossiers personnels des chefs religieux musulmans de l'AOF figurant dans le dossier 5 du carton 2258, conservés dans ces archives, celui de Mawlana Ibrahim Niasse est  le plus volumineux. Il est constitué en partie de rapports spéciaux de surveillance, et des rapports généraux sur l'islam en Afrique de l'Ouest. La sous-chemise d'Ibrahim Niasse fait plus de cent pages. Bien que son père fut connu des autorités coloniales, Ibrahim Niasse n'a attiré l'attention de celles-ci qu'à partir de la fin des années 1940, plus exactement à partir de 1948. Une correspondance abondante entre le ministère de la France d'Outre-mer et le gouvernement général conseillant une surveillance vigilante d'Ibrahim Niasse se trouve dans cette sous-chemise.
    Plusieurs raisons poussaient les autorités coloniales à la méfiance. D'abord, du fait qu'Abdoulaye Niasse(raa) avait toujours gardé ses distances vis-à-vis de l'administration coloniale et n'avait à proprement parler jamais eu sa confiance, cette dernière gardera toujours un préjugé défavorable pour ses successeurs. Ensuite, la diffusion du mouvement de Cheikh Ibrahim Niasse(raa) s'est faite dans une période relativement courte, entre 1948 et le début des années 1950, période pendant laquelle, nous le savons, étaient formulées des demandes d'émancipation dans les colonies, ainsi qu'un mouvement de panarabisme et panislamisme en provenance des pays arabes dont l'administration coloniale craignait qu'il n'ait d'écho dans les colonies au sud du Sahara. Par ailleurs, Ibrahim Niasse gardait ses distances par rapport au gouvernement général. Plusieurs rapports d'administrateurs témoignent dans ce sens dont nous citerons les suivants : « Cet homme qui n'a jamais demandé au gouvernement le moindre soutien officiel, la moindre lettre d'introduction, a manifesté récemment le désir de voir le gouvernement local se faire représenter au prochain Mawlud à Kaolack ». Dans le même ordre d'idées :                         « Contrairement à ses collègues, grands marabouts, voyageurs et quêteurs, il est bon de noter qu'Ibrahim Niasse n'a jamais demandé aucune recommandation ni aucune facilité aux autorités administratives, en échange de ses proclamations de loyalisme ».
    En mars 1952, soit un an après qu'Ibrahim Niasse eut fait sa première apparition publique au Nord-Nigeria et eut été : « ovationné par une foule délirante venue de 300 à 400 kilomètres à la ronde », le commandant Mangin, alors chef du service des affaires musulmanes de l'AOF, avait effectué une mission au Nigeria. Dans son rapport, il faisait en ces termes état de la popularité d'Ibrahim Niasse :
    Si l'on demande aux musulmans à Kumasi, à Accra, à Lagos, à Porto-Novo, à Ibadan, à Zinder ou dans le Nord de la Nigeria, quel grand personnage religieux ils connaissent, tous vous répondent d'une seule voix « Ibrahima Kaolacki ». Peu d'entre eux l'ont vu cependant car il n'a fait que de deux brefs séjours à Kano et une seule escale entre deux avions à Lagos et à Accra. Rien dans le rapport ne permet de dire que l'objectif de la visite de Mangin était de faire le point sur le mouvement d'Ibrahim Niasse. Toutefois, il y a peu de doute que la diffusion du mouvement en Afrique de l'Ouest préoccupait suffisamment les Français pour justifier à la fois un voyage du chef des services musulmans de l'AOF et la recherche d'une coopération franco-britannique pour suivre son mouvement et d'autres mouvements de plus près, comme le prouve le rapport suivant :
    Personnage d'une grande intelligence, très lettré dont le loyalisme qu'il manifeste à chaque occasion à notre égard n'est peut-être pas à toute épreuve, mais qu'il y a intérêt à ménager, Cheikh Ibrahim Niasse représente une des composantes essentielles des forces islamiques en AOF où son influence se développe continuellement au Sénégal, au Soudan et surtout au Niger.
    Ce n'est pas sans inquiétude que l'on voit un homme exercer sur des masses considérables et sans cesse croissantes une attraction poussée fréquemment jusqu'à l'anthropolâtrie et les encadrer dans une organisation qu'il tient bien en main, mais aussi convient-il tout en nous employant à entretenir son loyalisme à l'égard de la France, de suivre son action avec vigilance.
    Nous avons donc, Français et Britanniques, intérêt à poursuivre et à rendre plus complets nos échanges d'informations sur les activités du Cheikh Ibrahim Niasse et sur le développement de la force de la Tijaniyya qu'il représente.
    Cette note de cinq pages consacrés essentiellement à Ibrahim Niasse est confortée par de nombreuses autres dans le même sens, y compris celle-ci :
    L'influence extraordinaire que le Marabout sénégalais Ibrahim Niasse de Kaolack a acquise en quelques années en Nigeria, en Gold Coast, et à un moindre degré en Gambie, mériterait d'être suivie de près conjointement par les Britanniques et par nous-mêmes.
    La discrétion avec laquelle il a mené son action d'organisation de la Confrérie Tijaniyya dans ces régions, la réserve dont il fait preuve vis-à-vis des administrations coloniales, la passion qu'il a mise au cours de la dernière campagne électorale au Sénégal – à soutenir le thème de la « Défense de l'islam » constituent, du point de vue de ses relations avec nous, un passif que ne peuvent compenser les exhortations qu'il fait publiquement à ses fidèles d'avoir à obéir aux autorités européennes dont ils dépendent.
    L'administration coloniale britannique en Afrique occidentale nourrissait une méfiance tant vis-à-vis des mouvements de réforme au sein de la Tijaniyya que vis-à-vis du mouvement d'Ibrahim Niasse. En 1925, un rapport en ce sens incitait à la vigilance à leur égard :
    Special vigilance with regard to Tijani must not be relaxed. It is not the ordinary spread of the Tijani creed so much as the reactionary scheming of pretended revivalists that might rightly cause apprehension... These attempts at reform lead to passionate discussions, excite religious feeling, awaken fanaticism and sometimes provokes bitter conflict, they have also the specially undesirable effect of recalling the minds of the sectaries to the original Morrocan conceptions. These tendencies are moreover especially dangerous in that the doctrine and the simplified rites attract the youthful element with its inclination to disorderly behaviour and its susceptibility to the influence of the hot-beds of pan-Islamic Fanaticism.
    En ce qui concerne l'administration britannique, elle se méfiait d'Ibrahim Niasse autant que l'administration française. Mais la forte popularité d'Ibrahim Niasse ainsi que le parrainage des autorités émirales sur lesquelles rappelons-le, les Britanniques s'appuyaient pour gouverner le Nord-Nigeria, jouèrent en sa faveur. Le témoignage suivant est illustratif à cet égard :
    Les autorités britanniques sont très inquiètes de la prochaine venue d'Ibrahim Niasse en Nigeria (de 1957). Elles seraient fort désireuses de s'opposer à ce déplacement, mais n'osent le faire en raison du respect que lui porte l'Emir de Kano, et de la popularité extrême dont il jouit dans la Northern Region.
    Même si d'une manière générale, la stratégie d'Ibrahim Niasse vis-à-vis de l'administration coloniale était de cultiver le consensus, en janvier 1960, il a fait exception à cette règle.
    Des déclarations de Monseigneur Lefebvre, futur chef de file de l'église intégriste, avaient suscité une grande polémique et poussé Ibrahim Niasse à adopter des positions anticléricales et anticoloniales. Dans la France catholique du 18 décembre 1959, Monseigneur Lefebvre déclarait que :
    On a lancé des phrases qui portent à la révolution : le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, le droit à l'indépendance... La mainmise de la Russie ou de la Chine sur l'Afrique devient de jour en jour une réalité ! Chose inattendue pour ceux qui connaissent mal l'Islam : ce sont les pays à majorité musulmane qui se détachent le plus rapidement de l'Occident et font appel aux méthodes communistes, assez semblables à celles de l'islam : fanatisme, collectivisme, esclavage vis-à-vis des faibles, sont dans la tradition de l'islam.
    Cette déclaration provoqua une vive émotion au sein de la communauté musulmane, Ibrahim Niasse adressa le 5 janvier 1960 une lettre ouverte à Monseigneur Lefebvre, qui se trouvait être un pamphlet très controversé. Il récusa le fait que la liberté, l'égalité et la fraternité aient été réalisées en Europe en citant un auteur occidental qui dénonce les droits et privilèges dont continuaient à bénéficier nobles, aristocrates, hommes d'église en Occident et s'en prit à l'église en ces termes :
    Les travailleurs pauvres et les paysans malheureux paient des impôts de plus en plus lourds, tandis que les prêtres paresseux et oisifs voient leurs biens augmenter à leur profit au point que chacun d'eux détient une richesse beaucoup plus considérable que celle d'un milliard de ses concitoyens réunis, malgré le tapage que font ces privilégiés autour de l'équité, la justice et l'égalité.
    Il accusa l'église de vivre en s'enrichissant sur le dos des travailleurs. L'église « dont l'œuvre éducative, fit valoir Ibrahim Niasse, n'atteint pas le dixième des efforts déployés par les musulmans dans la plus grande partie de l'Afrique pour éduquer les masses ». Il dénonça également le colonisateur et promit une libération prochaine du joug colonial : « quant à la servitude des Africains, voici la question que je pose à ce sujet : ce sont les quelques Européens chrétiens, envahisseurs et colonisateurs de l'Africain, qui ont essayé de les asservir, ou est-ce le contraire ? Ce vingtième siècle est parcouru par un courant de liberté et de nationalisme que rien ne saurait arrêter, par conséquent tous les pays seront gouvernés par leur population..., l'ère du gouvernement d'un pays par des étrangers est à jamais révolue. Donc l'Afrique aux Africains ! ».
    Même si Ibrahim Niasse avait participé en 1952 au mouvement de la «Défense de l'islam qui fut le thème principal du Congrès socialiste de 1952 », ce dont les administrateurs coloniaux semblent lui avoir tenu rigueur à l'exception de l'épisode Lefebvre, il a toujours fait montre, à l'instar des autres chefs religieux musulmans sénégalais de volonté de coexistence pacifique. De même la réaction vigoureuse à l'encontre de Monseigneur Lefebvre ne signifie point qu'il soit un anti-chrétien notoire. Dans ses archives personnelles de Kaolack, on trouve une correspondance datée des années 1970 entre Ibrahim Niasse et différentes autorités catholiques, notamment l'ancien Nonce apostolique d'Afrique occidentale Mario Oliveri, mais aussi avec le Cardinal Marella qui présidait le Secrétariat du Vatican chargé des relations avec les non-chrétiens. Dans une lettre adressée au Nonce apostolique du Sénégal, Ibrahim Niasse ne disait-il pas :
    "En 1971 déjà, j'avais salué les efforts renouvelés de Sa Sainteté le Pape Paul VI vers la rencontre des religions révélées. A mon humble avis cette attitude n'est point une innovation pour un musulman éclairé, car le Coran nous dit : « Oui, ceux qui ont cru et ceux qui se sont judaïsés, et les Nazaréens et les Sabéens, quiconque a cru en Dieu et au Jour dernier et fait œuvre bonne, pour ceux-là, leur récompense est auprès de leur Seigneur. Sur eux, nulle crainte, et point ne seront affligés ».

    Djeureudjeuffe Baye !





     

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